François Bayrou avait raison sur les abus de pouvoir

Ce dimanche matin François Bayrou était l’invité sur Europe1 au « Grand Rendez Vous Politique » de Jean-Pierre Elkabbach et de Patrick Cohen.

Décidément, le livre « Abus de Pouvoir » écrit l’an dernier par François Bayrou démontre que ce dernier avait raison sur tout, sur toutes ces dérives, sur le non respect de principes démocratiques et républicains, sur les conflits d’intérêt entre la sphère publique et la sphère privée, sur la politique mise au service des intérêts de quelques uns, des privilégiés, sur le verrouillage de la presse et des médias et combien il est heureux que se soit créée une presse indépendante sur Internet comme Mediapart, …

 

François Bayrou ne s’est pas trompé sur le diagnostic, sur les dérives, sur la racine du mal : l’introduction de l’argent dans la société en tant que valeur.

 

Dépassant les discussions habituelles de l’effervescence médiatique et du bouillonnement politique autour de cette affaire Woerth-Bettencourt-Sarkozy, la parole des uns contre celle des autres, les accusations personnelles, croyance ou non en l’honnêteté d’un homme politique, François Bayrou s’est exprimé sur la gravité de ce qui est à l’origine de cette affaire et qui exprime une crise profonde de la société et de la République, des institutions, une crise des valeurs de la société et de la démocratie française, une crise à la fois politique et morale.

 

Les Français ont besoin d’un gouvernement que l’on respecte et à l’abri de tout soupçon. Il faut d’urgence un sursaut républicain, sur cinq points :

1-    

Le conflit d’intérêt entre les responsables publics et les intérêts privés. Ne pas autoriser, les situations où le soupçon devient possible sur des responsables politiques censés défendre l’intérêt général alors qu’eux ou leurs proches bénéficient d’intérêts privés dépendants des décisions de ces responsables ;

 

2-    

L’exigence d’indépendance réelle de la justice : nécessité de saisir un juge indépendant sur cette affaire Woerth-Bettencourt-Sarkozy ; l’intervention d’un procureur, nommé par le président de la république contre l’avis du Conseil Supérieur de la Magistrature, [ndlr de surcroît juge et parti], en conflit avec le juge du tribunal, est intenable ; de plus les auditions des témoins se font sans présence de leurs avocats, les procès verbaux divulgués dans la presse n’ont pu l’être qu’avec la complicité du procureur lui-même ou de la police,…

 

3-    

L’injustice fiscale : la révélation concrète de ce que représente le bouclier fiscal : un remboursement de 30 millions d’euros à une milliardaire qui n’en avait pas besoin …

 

4-    

Le problème de liberté et d’indépendance de la presse : le fait que ces scandales touchant l’intérêt public aient été révélés par une nouvelle presse libre, indépendante financièrement et publiant sur Internet, Mediapart, [ndlr de même que par Le Canard Enchaîné ou le journal Marianne] démontre qu’il est heureux et salutaire que cette presse existe, non soumise aux puissances financières ni à l’audiovisuel ou à la radio publics dont le président est nommé par le pouvoir ;

 

5-     L’opacité et les contournements du financement des partis politiques, la création de structures artificielles qui sont au service d’intérêts privés et non de partis [ou qui servent de manière illégale des partis] : il découvre qu’il existe environ 300 structures du même type que « l’association de financement de l’action politique de Eric Woerth ». Ceci est un détournement de l’esprit de la loi.

 

Sur le premier point, François Bayrou propose que soient prises concrètement deux mesures d’urgence :

1-    

Une loi définissant et codifiant le conflit d’intérêt : les élus, les responsables politiques, doivent servir l’intérêt général et non des intérêts privés. Si par exemple un membre de leur famille proche occupe un poste ayant un intérêt financier, économique, qui pourrait dépendre d’une décision ou de l’action de ce responsable, il ne faut pas admettre cette situation ;

 

2-     La mise en place d’une autorité indépendante à laquelle on pourrait soumettre un conflit d’intérêt a priori, une commission pluraliste qui pourrait en juger et statuer. Idem pour la question du financement public.

 

Il faut faire la différence entre le « conflit d’intérêt », qui place le responsable politique dans une situation de soupçon, même s’il n’a pas l’intention d’être malhonnête, et « la prise illégale d’intérêt », bannie par la loi, qui n’est qu’une conséquence d’un conflit d’intérêt qui a permis ce délit.

 

Plutôt que réclamer la démission d’un homme ou de polémiquer sur la parole de l’un contre celle de l’autre et poursuivre dans les invectives, François Bayrou pose correctement le problème à la racine et propose des solutions claires. Le président de la république les suivra-t-il ? Rendez-vous demain soir sur France 2 pour écouter son allocution devant les Français …

 

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